top of page

FCL.055 : la radio en anglais pour voler à l’étranger

​

Pourquoi passer la compétence anglais ?

Voler en France, c’est chouette. On fait quelques navigations par-ci par-là, peut-être un Tour de France en avion, et on s’en met plein les yeux, parce qu’il faut bien le dire : on a un très joli pays. Mais au bout d’un moment, on est coincés par la frontière, qui n’est toujours qu’à quelques heures de vol dans n’importe quelle direction. Et si on veut pousser plus loin, explorer le monde, ou simplement partir en vacances (Barcelone, Ibiza, Elbe, le Royaume-Uni, etc), il faut le PPL et la qualification d’anglais au doux nom de FCL.055. Alors comment ça marche ?

Verticale de l’aéroport International de Wien Schwechat à Vienne en Autriche. À ce moment, là, il vaut mieux comprendre ce que nous dit le contrôleur !

​

La compétence anglais FCL.055, c’est quoi ?

Le règlement FCL.055 fixe les modalités des contrôles de compétence linguistique en langue anglaise. Il existe deux versions suivant les règles de vol que vous utilisez : le FCL.055 VFR et le FCL.055 IFR. Évidemment, on n’évalue pas les mêmes compétences entre les deux, et les tests sont adaptés au type de vol. La page du ministère regroupe toutes les informations règlementaires en France. Notamment la grille de notation, qui détaille toutes les compétences attendues. Elle est assez complète, mais très informative : on peut s’auto-évaluer et on comprend tout de suite ce qu’il faut bosser en priorité. En fonction de la réussite au test, un niveau sera attribué au candidat :

  • Niveaux 1, 2 ou 3 : l’examen est un échec, cela ne donne pas le droit de voler à l’étranger

  • Niveau 4 : réussite, la compétence est valide 4 ans,

  • Niveau 5 : réussite, la compétence est valide 6 ans,

  • Niveau 6 : réussite, la compétence est valide à vie.

​​

Comment s’entraîner avant l’examen ?

Maintenant qu’on sait ce qu’il faut savoir faire, il faut s’entraîner à l’examen. Même si vous parlez couramment anglais, ne négligez pas l’entraînement, car la phraséologie anglaise en radiotéléphonie, ça ne s’invente pas si on veut faire ça bien. On le verra aussi, les différents examens ne demandent pas tous la même chose (par exemple pour l’écoute de bande). Cependant, c’est bien de s’entraîner à tous les types d’examens, car on sera confrontés à autant de situations différentes une fois en vol.

 

Voici quelques ressources gratuites pour s’entrainer pour l’examen :

  • Lingaero est un site qui propose gratuitement quelques modules de cours, mais surtout des tonnes d’exercices d’écoute de bande, de phrases d’urgence et de vols fictifs comme on en trouve dans bon nombre d’examens. Une ressource précieuse ! Un bon conseil est de s’entraîner à prendre des notes lors de l’écoute de bande. Cela est utile pour l’examen, mais également en vol quand on doit copier rapidement de longues clairances.

  • On trouve quelques autres exercices type sur la page du ministère.

  • Les exercices c’est bien, mais avec des cours avant, c’est mieux ! Le guide le mieux fait que j’ai trouvé est édité par eurocontrol. Une petite perle, à lire et à relire, jusqu’à savoir les phrases par coeur ! Une fois ce guide connu, un bon entraînement est de se placer en situation : utiliser l’immatriculation de son avion, imaginer un vol à l’étranger que l’on projette de faire et essayer de prononcer toutes les phrases nécessaires à haute voix. Si on y arrive sans bégayer, on est mûr pour l’examen !

  • Le ministère propose aussi un lexique des situations inhabituelles. Pas forcément nécessaire de le connaître par cœur, mais le lire 2 ou 3 fois peut être utile pour acquérir du vocabulaire aéro.

  • La chaine youtube Fluent Pilot propose plein d’exercices bien faits, comme par exemple describing a picture, très utile pour la préparation du test ILPT.

  • LiveATC permet d’écouter certaines fréquences du monde entier en direct. C’est intéressant, mais les fréquences à fort trafic concernent surtout l’IFR sur des gros aéroports internationaux. Je n’ai pas trouvé beaucoup de fréquences avec beaucoup de trafic VFR, mais ça existe peut-être !

  • Pour travailler l’anglais aéro sans s’en rendre compte et en se détendant, il y a des tas de chaînes Youtube d’excellente qualité : le mythique FlightChops, le très pro Steveo1Kinevo, l’aventurier The Candourist, le petit génie Matt Guthmiller, les cowboys Trent Palmer et Jonas Marcinko, sans oublier les très bonnes vidéos de débrief sécurité de l’Air Safety Institute. J’ai regardé à peu près toutes les vidéos de ces créateurs, et quel pied ! Généralement après, on est pris d’une furieuse envie d’aller voler. Si vous en connaissez d’autres, indiquez-les dans les commentaires !

  • Un très bon entraînement avant de passer l’examen est de faire la radio en anglais en France. C’est assez génial, on a le droit de le faire même si on a pas encore obtenu l’examen. Vous allez faire un vol local ou une petite navigation bientôt ? Essayez de parler en anglais, et si vous vous sentez en difficulté, vous pouvez à tout moment repasser en français. De confidence de contrôleur, ils apprécient la démarche et aiment bien aussi parler en anglais régulièrement avec nous. Alors lancez-vous : “F-AV, left downwind runway zero three, full stop” !

​​

Quel examen passer ?

Vous vous êtes suffisamment entrainé.e ? C’est l’heure de passer l’examen ! Jusqu’à il y a quelques années, la DGAC proposait l’unique examen auquel les pilotes français pouvaient prétendre. Mais aujourd’hui cela a changé, et si un examen est reconnu par l’autorité de l’aviation civile dans un pays de l’UE, alors cet examen est aussi valide en France. Cela ouvre plein de possibilités. Voyons en détail les pour et les contre de chaque examen. Le tableau ci-dessous résume le résultat de mes recherches, et n’est peut-être pas objectif car je n’ai pas passé les 4 examens.

ExamenDGACAir ExamAEPSILPT

Prix (VFR)75€
+ transport140€
+ transport150€ + transport159€

Lieu8 centres en France métropolitaineParis 14Plusieurs villes, ou se déplace à la demandeEn ligne

ContenuÉcoute de bande
Vol fictif
Situations inhabituellesQCM sur supports audio/vidéo/image
Ecoute, prise de note en entretien
Vol fictifVol fictif
10 minutes de discussion
Décrire 3 images
10 questions génériques
Vol fictif

AvantagesLe moins cher si on habite dans une grande ville. Le seul qui peut valider officiellement un niveau 6 en France.Ambiance détendue, disponibilité. Propose aussi des cours.
Se déplace dans votre aéroclub pour des cours et l’examen si suffisamment de pilotes sont intéressés.Pas de transport. En ligne, à son rythme. On a le temps entre les questions, pas de stress. Pas de questions piège.

InconvénientsÉcoute de bande très difficile à cause de la qualité audio.Transport si on n’habite pas ParisTransport si ce n’est pas sur place.Le plus cher (sauf si on compte le transport). Paperasse pour la DGAC.

Note08/2013/20
14/2018/20

​

Mon retour d’expérience avec ILPT

Quelques commentaires supplémentaires sur le tableau ci-dessus. Je n’ai pas passé le test DGAC, car j’ai lu et entendu de nombreux témoignages de pilotes, certains avec un très bon niveau d’anglais, racontant que la qualité audio des écoutes de bandes nuisant fortement à la compréhension et n’était pas représentative de la réalité. Du coup, la note n’est pas représentative du niveau du candidat. Certains candidats on dû tenter le test de nombreuses fois, faisant monter l’addition. D’autres candidats l’ont sans doute du premier coup, mais je n’avais pas envie de tenter ma chance.

Des autres centres d’examen, j’ai choisi de le passer avec ILPT car c’était le seul à proposer un test en ligne. Je n’avais pas envie de passer une journée dans le train pour aller à Bordeaux ou à Paris, ni de payer autant pour l’examen que pour le train. C’est un organisme danois, reconnu par l’aviation civile du Danemark, et donc par la DGAC. Le test se fait chez soi, devant son ordinateur et sa webcam. Un conseil : isolez-vous au calme et prévoyez un bon créneau de 3h dans lequel vous ne serez pas interrompu. Le test se compose de trois parties :

  • 3 images à décrire. Pour chaque image, on peut la voir, on a le temps de prendre quelques notes. Puis on lance l’enregistrement de la vidéo, et il faut discuter de l’image. On peut parler jusqu’à deux minutes. Les vidéos proposées par Fluent Pilot m’ont bien aidé à préparer cette partie. Un bon conseil est de commencer par décrire tout de qu’on voit sur l’image pour faire l’étendue de son vocabulaire. Puis de commenter la situation : il y a une tempête de neige, le feu dans un hangar… Et s’il reste du temps, ne pas hésiter à divaguer et commenter son ressenti de cette photo, raconter une anecdote en rapport, ou parler d’autre chose en rapport (par exemple : les conditions météo sont importantes et peuvent retarder les vols, les pompiers sont aussi utiles sur les aéroports en cas de malaise passager, etc). Le but est de montrer qu’on parle anglais aussi en dehors de la phraséo.

  • 10 questions à commenter. On peut écouter chaque phrase deux fois, puis prendre le temps de noter quelques idées de réponse au brouillon, puis on lance l’enregistrement. À noter que pendant tout l’examen, on n’est pas pressé par le temps : on peut faire une pause à tout moment et prendre le temps de réfléchir à ce qu’on va dire. C’est très appréciable et ça réduit le stress. Ce sont des questions génériques du genre “When did you start flying?“. Ici aussi, ne pas hésiter à broder et à divaguer pour tenir plus longtemps que “In 2014“. Raconter par exemple qu’on a toujours eu envie de voler, comment étaient ses premiers vols, etc. Pour s’entraîner, se parler à haute voix et se raconter sa vie de pilote avant l’examen. Si on a oublié un mot, on peut alors le chercher avant de passer l’examen !

  • Vol fictif : on nous donne une immatriculation, une situation (par exemple au parking d’un aéroport danois) et une destination. Le but est d’enregistrer les messages de radiotéléphonie comme on le ferait dans l’avion. Ensuite on clique sur suivant, l’agent nous donne les informations de départ, on s’enregistre en collationnant. Puis on demande le roulage, puis on est clairé au décollage, puis on change de fréquence en croisière, etc. Tout comme en vrai. Pour bien préparer ça, il y a le guide d’Eurocontrol puis l’entraînement en vrai dans son avion. Ici non plus, pas de stress, on a tout le temps qu’on veut avant de cliquer sur enregistrer.

​​

Une fois le test terminé, un examinateur regarde nos enregistrements et nous note. Ça va vite : j’ai passé le test un samedi après-midi, et j’ai eu le résultat le dimanche soir. Niveau 6 : yesss ! Par contre, la DGAC ne valide des niveaux 6 que si ce sont eux qui le font passer. Donc je suis rétrogradé en niveau 5 en France.

Pour faire reconnaître le résultat du test d’ILPT par la DGAC, j’ai échangé au moins 4 ou 5 mails avec chacun, mais ça a fini par se faire. L’adresse de la DSAC est trouvable ici (dsac-so-aviation-legere.ld [at] aviation-civile.gouv.fr pour les pilotes de Limoges). En plus des documents automatiquement envoyés par ILPT, la DGAC avait précisément besoin de :

  • la liste des examinateurs rattachés au LPO

  • une attestation/certificat du LPO sous son timbre, signé du responsable, daté et revêtu de son cachet stipulant qu’il est bien agréé à faire passer des examens répondant aux paragraphes FCL055 b,c et d de l’Aircrew et qu’on vous a bien réussi un test du type FCL055 b VFR.

Le contact à ILPT a créé ces documents et me les a très rapidement envoyés. Une semaine plus tard, j’avais ma nouvelle licence dans ma boîte aux lettres.

​

Conclusion

Toute cette préparation était utile et valait le coup, car quelques semaines plus tard, je volais dans 6 pays différents en une semaine lors du Tour des Alpes. Je n’ai pas eu de difficultés particulières à faire la radio en anglais. Je m’efforcerai de continuer à parler en anglais en France pour garder la main.

Je suis content d’avoir validé un niveau 5 en France, et j’apprécie les règlements européens qui m’ont permis de le passer avec ILPT. Mais c’est dommage que la DGAC ne valide pas le niveau 6… Alors qu’on théorie, si je faisais transférer ma licence ailleurs en Europe, ils pourraient me valider le niveau 6, et je pourrais ensuite refaire transférer ma licence en France pour garder ce niveau 6… Bref. Ce n’est pas très grave, je repasserai l’examen dans les 12 mois avant l’expiration de la compétence anglais. En attendant, je compte bien en profiter pour continuer à aller voler à l’étranger !

bottom of page